Le Feu, l’Eau et la Terre sont, au Régime Rectifié, la manifestation ternaire de la « lumière dans l’Immensité Terrestre », selon Martinès de Pasqually [1].

Ils représentent un mode de manifestation du ternaire, car Dieu, en créant le monde, produisit des formes selon  l’opération de génération de son essence trinitaire de la manière suivante : 1+2+3 = 6.

Jean-Baptiste Willermoz parla ainsi, comme l’avait fait Martinès de Pasqually [2], des 6 jours de la Création, comme « manifestation de la lumière », ce que donne à voir l’éclairage de la Loge par le Vénérable Maître et les officiers au début des travaux, reproduisant le double triangle fondateur :

La Création partant de l’Unité Divine (1), s’accomplit par le Fils (2) Seconde Personne de la Trinité, et est générée par l’Esprit ou troisième Personne. Le triangle, figure du ternaire au centre duquel rayonne la lumière de « l’Un » incréé, et si l’on en croit les plus anciens textes de l’humanité, « Le ternaire partout brille dans l’univers, et la Monade est son principe » [3]. Forme de l’informel, symbole de l’unité divine, le triangle plus qu’un sens donné possède un essentiel et spontané pouvoir de retentissement ou d’évocation ; le triangle concentre en lui l’unité ontologique et « sur-ontologique » de la manifestation. Ainsi, passant par le ternaire (3) la Création aboutit à la forme (6), dont le mystère de « l’Incarnation » est venu nous rappeler le mystère.

Une Instruction du Régime explique en conséquence :

Demande :

D’où partait cette grande lumière que vous avez vue ?

Réponse :

D’une lame d’or triangulaire que j’ai retrouvée, sur laquelle était gravé le Saint Nom de Dieu qui jetait un grand éclat, et d’un double triangle lumineux formant une étoile flamboyante à six pointes qui m’a été mon­trée à l’Orient.

Demande :

Que représente ce double triangle lumineux ?

Réponse :

Il exprime la double nature de Celui qui est la vraie Lumière du monde, et de l’homme qui est son ima­ge, et le cercle qui l’entoure est l’emblème de son éter­nité.

Notes.

[1] J. Darmesteter, L’Avesta, Maisonneuve, 1960.

[2] « Vous devez savoir que la figure triangulaire a toujours été regardée comme très importante parmi tous les sages des différentes nations. Adam, Enoch, Noé, Moïse, Salomon, le Christ ont fait un grand usage de cette figure dans leurs travaux. Nous voyons qu’aujourd’hui même on observe avec soin de placer ce triangle sur nos autels, au sommet ou au frontispice des bâtiments. Je demande si cette figure peut être le fruit de l’imagination du constructeur. Cela n’est pas possible, puisqu’elle existe avant lui et qu’elle est en nature sur notre propre corps. […] Cette figure ne représente donc autre chose que les trois essences spiritueuses qui ont coopéré à la forme générale terrestre, dont voici la représentation. L’angle inférieur représente le mercure, l’angle vers midi représente le soufre et l’angle vers le nord représente le sel. Or, ce n’est que la jonction du principe spirituel, ou du nombre quaternaire, à ces trois essences qui leur a donné une liaison intime et leur a fait prendre une seule figure et une seule forme, qui représente véritablement le corps général terrestre divisé en ces trois parties : Ouest, Nord et Sud. Voilà comment, par la jonction du nombre 1 avec le nombre 3, nous démontrons la grande puissance du nombre quaternaire qui complète parfaitement la quatriple essence divine. C’est du centre de ce triangle que les trois pointes angulaires émanent. Ce centre est composé de quatre lettres. Nous voyons donc bien clairement que tout être de création est soumis et provient de la quatriple essence divine et que l’esprit mineur, par son émanation quaternaire, porte réellement le nombre de cette quatriple essence. » (Traité, § 102).

[3] « La troisième puissance divine, ou le nombre sénaire, est également un nombre émané du fameux dénaire. Ce nombre sénaire n’est pas aussi parfait ni aussi puissant en vertu spirituelle que le nombre septénaire, et cela parce que le nombre sénaire peut se diviser en deux parties égales, ou deux fois trois, ce qui ne se peut faire sur le nombre septénaire sans le détruire et le dénaturer. Le nombre sénaire est celui par lequel le Créateur fit sortir de sa pensée toutes espèces d’images de formes corporelles apparentes qui subsistent dans le cercle universel. La Genèse n’enseigne-t-elle pas que Dieu a tout créé dans six jours ? Il ne faut pas croire que la Genèse ait voulu borner par là la puissance de la Divinité en lui limitant un temps, soit de six jours, soit de six années. Le Créateur est un pur esprit supérieur au temps et à la durée successive, mais il peut avoir opéré six pensées divines pour la création universelle et ce nombre de six appartient effectivement à la création de toute forme de matière apparente. Par ce même nombre, le Créateur fait sentir à sa créature, tant spirituelle que corporelle, la durée du temps que doit subsister la création universelle. Voilà quelle est la vertu du nombre sénaire et l’emploi que le Créateur en a fait. C’est par là que les sages ont acquis la connaissance du principe des formes et des bornes que le Créateur a mises à la durée de leur cours temporel et passif. C’est encore de là que nous apprenons que tout être corporel se réintégrera dans son premier principe d’émanation par le même nombre qui l’a produit. Venons au nombre quaternaire, ou à la quatrième puissance du Créateur. » (Traité, § 100).