S’il faut attendre le début du XVIe siècle pour que l’on commence à employer couramment l’adjectif « sincère » afin de qualifier des personnes, d’abord en un sens métaphorique très proche de celui de « sincerus », signifiant qu’un homme avait une existence saine, pure, dépourvue de mensonge et d’hypocrisie, en réalité, si l’on est attentif au texte sacré, on s’aperçoit que la notion se trouve déjà dans l’Écriture, où « sincerus » signifie effectivement pur, sans mélange (Sagesse 7, 25).

Saint Pierre (2 Pierre 3, 1) exhorte l’esprit pur et « sincère » des fidèles, et saint Paul veut que les Philippiens soient purs, que leur conduite soit innocente, si irréprochable, que personne n’en prenne sujet de scandale (Philippiens 1, 10), il parle également aux Corinthiens de la sincérité et de la vérité, qu’il oppose aux pains levés de l’impureté et de la souillure : « Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé. Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté, de la sincérité et de la vérité. » (1Corinthiens 5, 7-8).

Dès lors la « sincérité », identifiée au Pain de Vie (Jean 6, 32-35), le pain de la pureté qui donna sa vie pour les hommes, trouve son éminente représentation dans la Croix sur laquelle le Christ fut immolé pour  libérer les fils d’Adam des conséquences de la Chute, bois sombre, noir, évoquant la ténèbre abyssale du péché et de la dégradation sur lequel rayonna cependant du don extrême de l’amour Celui qui, s’anéantissant (Philippiens 2, 7), se faisant péché jusqu’à éprouver l’abandon du Père, versa son sang pour la réconciliation et rédemption de la famille humaine dont le « Nom », donné par l’Ange à Marie, formé de cinq lettres est symbolisé par l’étoile dont l’attribution lui fut donnée par l’apôtre Pierre lorsqu’il le désigna comme tel :

« l’Étoile du matin qui se lève dans vos cœurs »

(2 Pierre 1, 19) [1]

On comprend, dès lors, peut-être mieux pourquoi « sincerus », a pu désigner une pousse unique, un unique rameau, sachant que son radical « sin » désigne « l’Unité », et que sa terminaison qui vient de « crescere », rappelle la croissance et le développement, ce qui correspond parfaitement à la définition de la Croix et de son mystère dans le rôle salutaire qu’elle joua du point de vue du plan Divin.

 

Extrait du Discours de la tenue de consécration de « La Sincérité »,

le samedi 13 septembre 2008.

Notes

[1] Annonçant la naissance miraculeuse de l’enfant, l’ange avait dit à Marie : «Tu appelleras son nom Jésus» (Luc I, 31). Plus tard, à Joseph inquiet, un ange du Seigneur apparaît en songe et répète : «Tu appelleras son nom Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés» (Matthieu I, 21). Durant tout son ministère dans les évangiles, c’est le nom essentiel qui le désigne. Dans son premier discours au peuple, Pierre conclut, alors que Jésus a été ressuscité et élevé dans la gloire : «Dieu a fait et Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié» (Actes II, 36).

En réponse à la question de Saul terrassé sur le chemin de Damas : « Qui es-tu Seigneur  ? » — il dit : «Je suis Jésus que tu persécutes». Et dans l’extraordinaire passage de Philippiens II, 6-11, Dieu confirme que le Nom de « Jeshuah »  est le : «Nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou… et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père». Dans les derniers versets de la Bible nous lisons : «Moi, Jésus… je suis… l’étoile brillante du matin» ; il répète : «Oui, je viens bientôt» et l’Esprit et l’épouse de répondre :  «Amen viens, Seigneur Jésus ! », bienheureuse espérance du retour du : « Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Philippiens III, 20-21).

Son nom est donc présent de la première ligne de l’évangile de Matthieu, jusqu’à la dernière de l’Apocalypse. Il est le Sauveur,  le « médiateur» entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Timothée II, 6), vrai Dieu et vrai homme.